Atelier Aïno © 2024

Tolbiac Moulinet Maitrise d'œuvre réemploi

241202 WEB TOL MSG2
241202 WEB TOL MSG2
241202 WEB TOL MSG22
241202 WEB TOL MSG23
241202 WEB TOL MSG24
241202 WEB TOL MSG25
241202 WEB TOL MSG26
241202 WEB TOL MSG27
241202 WEB TOL MSG28
241202 WEB TOL MSG29
241202 WEB TOL MSG210
241202 WEB TOL MSG211
  • Démolition de 106 logements, construction de 138 logements et aménagements extérieurs
  • Paris Habitat
  • Îlot Tolbiac Moulinet, Paris 13ème
  • 14 501 m2 (SDP)
  • 28,15 M€ HT (démolition, constructions neuves, aménagement extérieur)
  • Atelier Aïno (réemploi), Igrec (démolition), MOE : Jean Christophe Quinton architecte mandataire, Nicolas Dorval Bory architectes, Guillaume Ramillien architecture.
  • Charm 2018-2021 ; RE2020 seuil 2022, E+C- niveau E3C1
  • Ateliers d'auto-réhabilitation accompagnée
  • DCE en cours 2024

Le projet Tolbiac-Moulinet est un des sites pilotes identifié par Paris Habitat dans le cadre du projet européen CHARM (2018-2023), collaboration entre plusieurs bailleurs sociaux d’Europe du Nord-Ouest visant à développer une méthodologie et une stratégie pour systématiser le réemploi dans les opérations. Le programme de l’opération prévoit la démolition de 106 logements et la reconstitution des 106 logements et de quelques dizaines de logements supplémentaires, + la réhabilitation de la tour de 44 logements. La maîtrise d’œuvre de la construction neuve est attribuée à Jean Christophe Quinton, Nicolas Dorval Bory et Guillaume Ramillien en 2020. Une mission de maîtrise d’œuvre de déconstruction et d’assistance à maîtrise d'œuvre sur le réemploi a été attribuée à Igrec Ingénierie et Atelier Aïno fin 2022.

Le projet de réemploi se déploie dans plusieurs phases distinctes. La démolition des 106 logements existants, accompagnée des travaux de voiries et réseaux divers (VRD), vise à orienter un maximum de matériaux vers le réemploi afin de réduire la production de déchets. Parallèlement, l’intégration de matériaux de réemploi est prévue dans le cadre de la construction des 138 logements, de l’aménagement des espaces extérieurs et de la réhabilitation de la tour. Cette démarche poursuit un double objectif : limiter l’utilisation de ressources primaires et participer à la consolidation de la filière en incorporant des matériaux issus du réemploi.

En 2023, un diagnostic PEMD a permis de dresser un relevé précis des deux bâtiments, couvrant les locaux d’activité et les logements. Cette analyse a conduit à l’élaboration d’une stratégie en deux volets. Le premier volet concerne la dépose sélective des « petits matériaux » en vue de réparer les logements de la tour par les habitants eux-mêmes, dans le cadre d’un dispositif d’accompagnement à l’auto-réparation (ARA) réalisé en avril 2023. Le second volet consiste en une déconstruction sélective prise en charge par l’entreprise générale, avec pour finalité l’intégration des matériaux dans le projet de construction neuve ou leur redirection vers les filières adaptées.

Dans le cadre de l’auto-réparation accompagnée, des matériaux tels que des portes, des poignées, des éléments de mobilier ou des accessoires ont été réemployés. Les opérations de dépose et de remise en état se sont déroulées sous forme d’ateliers collectifs, organisés en partenariat avec les Compagnons Bâtisseurs. Ce dispositif a pour but de promouvoir un réemploi local à l’échelle du logement tout en recréant du lien entre les locataires et en les associant activement au projet de réhabilitation.

Concernant la déconstruction sélective, plusieurs gisements importants ont été identifiés, notamment 4475 m² de parquet en chêne massif, 75 WC en céramique, 72 vasques sur colonne, 483 radiateurs en fonte, 249 garde-corps en acier peint, 62 m³ de gravillons d’étanchéité sur toiture et 230 mètres linéaires de bordures en béton.

Le projet initial prévoyait une démolition progressive permettant de stocker les matériaux sur le site pour leur réemploi. Cependant, l’évolution du calendrier des travaux de démolition a rendu cette stratégie inapplicable. Le stockage sur site s’est avéré limité par des contraintes liées au chantier, telles que des travaux simultanés et des risques de détérioration des matériaux. En conséquence, les matériaux déposés de type standard ont été réinjectés dans les filières de réemploi, tout en maintenant l’objectif d’intégration de ces matériaux dans le projet neuf. Les matériaux inertes extérieurs ont été stockés sur place, tandis que les matériaux rares ou spécifiques, comme le parquet en bois massif et les garde-corps, ont été soigneusement conservés pour leur réemploi dans la construction neuve.

Pour assurer un approvisionnement en matériaux de réemploi, plusieurs stratégies ont été mises en œuvre. Ces stratégies incluent le stockage des matériaux sur le site par l’entreprise, la récupération de matériaux issus d’autres chantiers de dépose réalisés par l’entreprise, ainsi que l’approvisionnement via des plateformes spécialisées. Les matériaux ciblés comprennent principalement les radiateurs en fonte, les doubles vitrages et les équipements sanitaires. L’objectif est d’anticiper le sourcing et d’optimiser les coûts, notamment en établissant un premier contact avec les plateformes lors de la phase de démolition et en anticipant les commandes pour le projet de construction neuve.

Enfin, des chantiers-tests menés au cours des études ont permis de vérifier la faisabilité de la dépose et du réemploi des matériaux. Ces tests ont notamment concerné la dépose du parquet, le déplombage et la reconstitution de panneaux de clôture à partir de garde-corps barreaudés. Ils ont aidé à lever les aléas, à décrire avec précision les opérations à effectuer et à rassurer les entreprises participant aux travaux. Les autres matériaux standards, comme les WC, les lavabos ou les vitrages intérieurs, ne nécessitent pas d’innovations techniques ou réglementaires particulières, permettant ainsi de massifier le réemploi et de répondre à une demande encore en développement.